A première vue, l’imaginaire low-tech est plutôt riche en objets techniques matures : objets rustiques mais toujours utilisés (la faux) ; objets utilisées dans d’autres contrées (brouette chinoise, kotatsu japonais); objets désuets (le pigeonnier). Il suffit d’aller faire un tour sur (voire de tomber dans) le site de Low-Tech Magazine pour voir ce que je veux dire. Dans ce cadre-là, il n’y aurait pas vraiment besoin de recherche scientifique telle qu’on la pratique aujourd’hui. A la rigueur de l’ingénierie/artisanat/bricolage et surtout ressusciter des savoir-faire anciens. Pour autant, on s’aperçoit qu’il y a un certain nombre de domaines chers à la low-tech dans lesquels de la recherche est faite. Cette recherche n’a d’ailleurs pas nécessairement lieu dans le cadre classique du laboratoire. Parfois oui, et parfois non !
Partons pour un petit tour d’horizon non exhaustif, mais seulement illustratif. Le laboratoire CRAterre, à Grenoble, travaille dans le domaine du terre-paille ! Car il y a beaucoup à découvrir dans ce domaine : comment augmenter la durabilité des constructions? Comment faire du terre-paille « coulé » comme on fait du béton coulé? etc… Le laboratoire AGIR, à Toulouse, travaille dans le domaine de l’agroécologie, et vise à développer des « stratégies innovantes avec peu ou pas de pesticides et engrais de synthèse« . On peut penser à la thèse de Gabriel Guillet, dans le laboratoire IUSTI à Marseille, qui porte sur le concept de restaurants optimisés pour la cuisson solaire. Et notre projet Métasol, au LPCNO à Toulouse, qui étudie l’éventuel développement d’une métallurgie solaire. Il y a aussi toutes les expérimentations qui sont en cours pour la croissance de jardins-forêts, qui sont plutôt faites par des passionné.es hors du cadre du laboratoire. Les expérimentations sur la méthanisation menées par l’association PicoJoule. Et enfin, il y a des entreprises, qui vendent et développement des produits résolument low-tech, comme les poêles de masse de Uzume, par exemple. Et l’on peut aussi penser à tous les maraichers pour qui chaque saison est une nouvelle expérience. Alors, bien sur, tout cela ne ressemble pas trop à la recherche scientifique de notre imaginaire high-tech. On parle plus souvent dans les médias de l’ordinateur quantique ou de l’intelligence artificielle que de la découverte que le fumier améliore la qualité du terre-paille. Mais une autre recherche est possible ! Et désirable.